Jean Scheurer passe son enfance à Lausanne et y étudie à l’Ecole cantonale des beaux-arts de 1962 à 1965. Il fonde, en 1968, le groupe Impact avec Pierre Guberan, Henri Barbier, Jean-Claude Schauenberg, ainsi que Jacques Dominique Rouiller et Kurt von Ballmoos, et expose dès lors régulièrement en Suisse et à l’étranger. Actif sur la scène artistique vaudoise avec le groupe Impact par des prises de position artistiques critiques concernant les habitudes locales, il présente par ailleurs dans la Galerie Impact à Lausanne de nombreux artistes contemporains. Il obtient la Bourse fédérale des beaux-arts en 1969, 1970 et 1971. En dehors des actions de groupe, il pratique la sculpture, participant à des concours et à des expositions en plein air, et travaille assidûment le dessin et la peinture. Il participe en 1976 à l’exposition Media présentée au Musée d’art moderne de São Paulo et à la Biennale internationale de Beresford en Grande-Bretagne en 1979.
Scheurer est professeur à l’Ecole des beaux-arts de Sion de 1975 à 1985. Il est membre de la Commission fédérale des beaux-arts de 1985 à 1992. Il a réalisé de nombreuses œuvres pour des espaces publics et privés, notamment, en 1981, pour le Centre autoroutier d’Yverdon-les-Bains et pour la nouvelle gare CFF de l’aéroport de Genève. Depuis 1990, il expose régulièrement à la Galerie Rivolta à Lausanne. Il obtient le prix Pierre Monay en 1992. Il poursuit son travail dans son atelier de Chavannes-près-Renens dans une ancienne usine occupée aujourd’hui par de nombreux ateliers d’artistes.
Jean Scheurer réalise une œuvre sensible et très construite, basée sur les problèmes de la définition de l’espace et de son encadrement par l’objet sculpté. Coloriste méthodique, toujours en rupture sur le paysage, il installe, dans les expositions de plein air, des cadres tordus et distendus pour cerner la nature, la cadrer, pour mieux l’oublier.
Outre les interventions à l’extérieur, Scheurer est avant tout peintre et dessinateur. Dans ses toiles, les droites strient la surface, parfois très sombre et compacte, en un réseau de recouvrement intense. Ce n’est ni un enfermement, ni un treillis, ni une prison: rien que les entrelacs des traits du pinceau sur la toile qui se tisse et la profondeur qui se creuse. L’espace s’ouvre devant les gestes du peintre: rien qu’un tableau, la puissance du travail des jours, et la force des sentiments. De l’alignement à la rupture, de l’ordonnance à l’agitation, l’espace s’aère et se sature de droites qui se recourbent, s’inclinent, se superposent, des droites à la règle rompue, désamorcées aussi, l’accident du pinceau, le hasard, retenu. L’espace se construit en profondeur et en surface. Le gris cède aujourd’hui la place à la couleur. Des bleus, des oranges, des jaunes occupent la surface de la toile, construisent le tableau avec la même conscience et avec la même liberté. Scheurer s’affirme dans la rigueur verticale conquise, dans l’humanité troublante de l’horizon, dans les travers de la révolte. Entre maîtrise et fragilité, sa peinture se construit comme une ascèse vers l’espace.
Œuvres: Lausanne, Banque Cantonale Vaudoise; Lausanne, Musée cantonal des beaux-arts; Fonds des arts plastiques de la Ville de Lausanne.
Nicolas Raboud, 1998
De sa pratique, où seuls règnent les double sens et les contre-emplois, Jean Scheurer en a extrait sa ligne.
Entre 1967 et 2013, ses 46 expositions personnelles et sa participation à plus de 80 expositions collectives ont permis à un large public de se familiariser avec son œuvre, bien représentée dans des collections privées et publiques
Objet, land art, happening, action, peinture murale, dessin humoristique, illustration, scénographie, multiple, sérigraphie, environnement, peinture, sculpture, dessin, architecture, installation, art dans l'espace public.